
L'Interprétation du cerveau
Avant que les informations arrivent à notre cerveau, elles passent par différentes étapes.
L’œil humain est photosensible, ce qui signifie qu’il transforme les signaux lumineux véhiculés par les photons en un signal électrique que peut ensuite interpréter le système nerveux.
Nous nous concentrerons pour cette partie sur le cheminement des informations jusqu'aux différentes aires du cortex visuel et également sur l'interprétation du cerveau.
Les illusions d'optique sont des erreurs de perception de la forme, de la couleur, des dimensions ou du mouvement de certains objets. Elles n'ont rien à voir avec le raisonnement ou la pensée, elles sont pleinement perceptives.
Par exemple, nous savons bien que ces figures sont des illusions, mais cela ne nous empêche pas de les subir. Comme nous l'avons déjà vu, ce n’est pas notre œil qui travaille mal, mais l’interprétation du cerveau qui est erronée, car la construction mentale à partir des informations nerveuses peut parfois être erronée ou imprécise. En effet, il y a une multitude d'informations perçues par nos yeux qui est transmise à notre cerveau, qui va les trier et les analyser. Les illusions existent parce que toute perception est ambiguë et peut différer de la réalité.
Elles ne naissent pas dans la rétine (leur image physique est presque aussi précise que l'objet), mais dans le système visuel, qui traite la perception visuelle. Il n’y a pas dans le cerveau de régions spécifiquement responsables des illusions d'optique.

Stéphane Molotchnikoff est un professeur de l'université de Montréal. Neurobiologiste et chercheur, ses nombreux articles concernant la vue, le cerveau et ses adaptations nous ont permis d'expliquer scientifiquement la perception de ce que l'on voit.
« Si le cerveau se laisse aussi facilement berner, c'est en raison de sa rigidité», affirmait Stéphane Molotchnikoff.
En effet les informations que celui-ci nous fournit sont simples; pour tenter de passer outre les pièges et offrir un maximum de rigueur et de clarté possible dans leur interprétation visuelle, les neurones du cerveau se concentrent chacun d'eux sur leur propre champ d'action.
C'est à dire que chaque neurone ne traite que d'une seule information. Ceux qui sont affectés aux couleurs en interprètent chacun une. Les neurones dit "détecteurs de mouvements" se concentrent et se spécialisent en horizontalité ou verticalité et ainsi de suite.
Pour bien comprendre tout ce qu'il se passe lorsque le cerveau se trouve face à une image complexe de type illusion d'optique, le professeur universitaire nous informe qu'au moment où notre regard se voit être confronté à une image, les neurones responsables de la détection des principales composantes doivent s'activer, tout en désactivant ceux qui pourraient fausser l'interprétation.
Si, par exemple, on observe une ligne verticale, les neurones sensibles aux lignes horizontales doivent se « taire », afin d'éviter toute confusion.
De nombreuses analyses ont aussi permis aux spécialistes de comprendre les complexités de la vision: les neurones se regroupent par spécialité dans le cortex visuel.

Les neurones qui se ressemblent s'assemblent », résume Stéphane Molotchnikoff.
Mais cet ingénieux regroupement de spécialisation peut aussi jouer des tours et c'est d'après cette confusion que naissent les troubles que provoquent les illusions d'optiques.
Alors imaginons désormais que le cerveau et ces multiples neurones soient confrontés à une image occasionnelle, inhabituelle. La conséquence semble évidente : les neurones du cerveau humain ne savent plus où donner de la tête, ceux ci se disputent le droit d'interpréter les différentes dimensions de l'image. Trop de neurones sont sensibilisés. En effet, on pourrait observer un énorme désordre d'informations révélant tout et son contraire.
Ajoutons également que ces neurones en trop forte activité déstabilisent le système appelé "vestibulaire" du cerveau (qui a pour rôle l'équilibre), d'où la désagréable sensation de nausée qui survient lorsqu'on fixe une de ces images surréalistes.
Alors, doit-on toujours croire ce que l'on voit ?
